La prudence est essentielle lors de la
préparation des comptes annuels. Comment montrer cette prudence?
Concrètement, l'établissement des comptes
annuels consiste à déterminer la valeur des actifs détenus par l'entreprise. Par conséquent, la société à
la fin de l'année doit valoriser, c’est-à-dire évaluer le montant de ses stocks de marchandises
et de matières premières, de ses créances, des actions ou obligations qu'elle possède,
et le montant des biens immobiliers faisant partie de son patrimoine.
Le principe de prudence doit rendre les
comptables pessimistes dans ces appréciations.
Cela revient à dire qu'il doit appliquer
simultanément deux exigences comptables contradictoires pour se conformer au
principe de prudence à savoir comptabiliser des pertes latentes, c'est-à-dire
potentielles, et éviter de comptabiliser des gains latents.
Les pertes latentes :
Une fois que l'entreprise soupçonne des pertes futures potentielles,
elle doit les traduire de manière comptable dans ses comptes. Elle prendra donc
en considération les pertes de valeur pouvant affecter son patrimoine
immobilier (essentiellement les biens non amortissables),
ses stocks, ses actions (suite aux fluctuations des cours boursiers). De
même, elle prendra en compte le risque de défaillance des créanciers afin d'évaluer le montant
des créances qu'elle possède.
Exemple :
Une entreprise réclame 90 000 € à
un client en difficulté. Le gestionnaire estime qu'il existe un risque de
défaut de paiement par le client à hauteur de 50 % de la créance.
Par conséquent, l'entreprise est confrontée à
la perte de la moitié de cette créance. C'est une probabilité, pas
une certitude. Le principe de prudence impose que la valeur de cette
créance soit de 45 000 € au lieu de 90 000 €.
Il faut donc constater une provision pour dépréciation
de 45000 €. En revanche, si l'entreprise avait la
certitude que le client ne paiera plus (liquidation judiciaire), elle ne doit
pas constituer une provision pour dépréciation des comptes clients, mais
une perte certaine de la créance de 90 000 €.
Les gains latents :
La comptabilisation de la transaction doit être
différée jusqu'au moment où le gain sera définitivement réalisé. Par conséquent,
il est interdit de comptabiliser les gains qui ont un caractère latent.
Notons que l'entreprise doit comptabiliser la
perte de valeur de l’action due à la baisse des cours boursiers. C'est
l'application du principe de prudence.
En revanche, si les cours augmentent, le
même principe oblige l'entreprise à ne rien faire parceque le gain sur les actions est latent, car l’entreprise n'a pas encore vendu ces actions. 1l ne sera réel que si l'entreprise vend les actions.