L’amortissement, la dépréciation et la provision, ces trois concepts sont en effet similaires à certains égards.
Le plus grand risque d'incompréhension provient du fait que
l'amortissement, la dépréciation et la provision sont tous des charges fictives
et n'entraîneront aucune sortie de fonds.
Ce ne sont pas des frais, mais des charges calculées par l’entrepreneur.
De plus, ces dotations sont considérées comme des charges déductibles
des résultats de l'entreprise et donnent lieu à une diminution des impôts (ou à
un décalage temporaire des impôts).
Cependant, en creusant plus profondément, nous voyons immédiatement la
différence entre les deux logiques : l'amortissement d'une part, celle de la
dépréciation et de la pro-
vision d'une autre part.
Pour bien comprendre comment ces deux mécanismes se distinguent,
il est nécessaire de bien comprendre leurs fondements respectifs.
Les amortissements visent à reconnaître une certaine perte de valeur
comptable et irréversible (dépréciation de la machine liée à
l'utilisation). En revanche, la dépréciation tient compte de la perte de
valeur possible et réversible qui touche les biens de l'entreprise (par
exemple, la perte de valeur probable de la créance client).
La provision présente les mêmes traits caractéristiques que la dépréciation,
mais liée aux postes du passif.
Par ailleurs, il convient de souligner une particularité aux dépréciations
et aux provisions, c’est que contrairement aux amortissements, les dépréciations
et les provisions sont temporaires, c’est à dire provisoires.
Les dépréciations et des
provisions sont nécessairement à court terme, elles sont d’abord constituées (puis
déduits du résultat comptable), puis disparaissent (puis ils gonflent les
produits et donc le résultat comptable).
Par conséquent, ils doivent être reprises un jour ou un autre
dans le résultat comptable.
C’est possible à partir de cette première démonstration que le problème
de la coexistence de l'amortissement et de la dépréciation d'un même bien se
pose.
Le raisonnement que nous menons conduit au constat de l’impossibilité
d’amortir un bien et de le déprécier en même temps. De deux choses l’une :
·
Soit le
bien fait l'objet d’une perte de valeur définitive, et il doit être amorti ;
·
Soit le
bien se déprécie de manière réversible, et il faut le déprécier.
Cependant, le problème n'est pas aussi simple qu'il y paraît. Si on
pousse un peu
le raisonnement, on note que la valeur nette comptable (ou valeur nette d’amortissement)
d'un bien après amortissement peut dépasser sa juste valeur marchande.
Une dépréciation sur ce bien serait alors justifiée pour ramener la
valeur du bien à sa valeur réelle. C’est le cas par exemple d'un
immeuble amorti en mode linéaire dans un contexte de marché baissier.
Les deux mécanismes sont donc différents mais leur cumul sur un même actif
est
explicable.